Le cœur incertain
Je ne sais pas vraiment ce qu’est l’amour. J’en ai de vagues images, des intuitions fragiles et parfois déroutantes, et, pour être honnête, j’en ai peur. Ce n’est pas la peur de ne pas être aimée, entendue ou comprise; je n’ai jamais eu à attendre cela des autres, et peut-être est-ce ce qui m’a conditionnée à accepter l’absence, à comprendre que certaines choses échappent à notre contrôle.
Mais ce qui m’effraie vraiment, c’est de me tromper, de poser mon cœur là où il ne devrait pas être, d’idéaliser ce qui n’existe pas ou, plus profondément, de ne pas pouvoir raisonner l’amour. Ce vertige, cette incertitude : est-ce que je l’aime réellement ou n’est-ce que le reflet de blessures anciennes que je cherche à apaiser ? Ce doute me bouleverse. Ce n’est pas que je refuse le confort, c’est que je veux aimer pour l’autre, entièrement et sincèrement, et non pas pour combler un vide ou réparer ce qui en moi n’est pas guéri.
L’amour que j’imagine n’est pas un pansement, mais un chemin, un terrain où l’on grandit ensemble, où l’autre ne devient pas celui qui répare mais celui qui accompagne. Et pourtant… je ne sais pas vraiment ce que je cherche. Peut-être ce désir d’être vue, entendue, reconnue, cette petite étincelle qui nous fait sentir vivants et connectés. Mais l’amour n’obéit à aucune logique : il ne se raisonne pas, ne se prouve pas. Tomber amoureux demande un courage que l’on sous-estime toujours. On tombe par choix, non par certitude, et c’est exactement ce vertige qui le rend fascinant. Aimer, c’est projeter nos espérances sur une seule âme que l’on croit “la bonne”, et pourtant tout repose sur tant de facteurs que l’on ne maîtrise jamais. Malgré tout, j’ose espérer que cela en vaut la peine.
J’ose espérer aimer fidèlement à ma vision de l’amour, choisir le bon cœur pour la bonne raison, et grandir avec cette personne encore inconnue. Peut-être que l’amour véritable commence là où l’on ose enfin se perdre sans savoir si l’on se retrouvera.